La vermifugation des chevaux
La vermifugation est un acte courant dans les soins apportés aux chevaux, et son objectif est de lutter contre les parasites internes. L’infestation par les parasites internes est fréquente, mais variable selon l’âge ou le mode de vie des animaux. Le protocole de vermifugation sera donc adapté à ces conditions.
Quels sont les parasites du cheval ?
Le cheval peut héberger :
Des parasites digestifs, parmi lesquels des
– Vers plats : cestodes ou ténias (Anoplocephala perfoliata, A. magna, Paranoplocephala mamillana), trématodes (grande douve du foie).
– Vers ronds : petits strongles ou cyanosthomes (plus de 50 espèces), grands strongles (Strongylus vulgaris, S. edentatus, S. equinus), oxyures (Oxyuris equi), ascaris (Parascaris equorum), spirures ou habronèmes (Habronema spp.), strongyloïdes (Strongyloïdes westeri).
– Insectes : larves d’œstres ou gastérophiles (Gasterophilus spp.).
Des parasites respiratoires :
Dictyocaulus arnfieldi est un strongle pulmonaire dont l’adulte vit dans les bronches. Ce parasite peut infester l’âne également, qui reste porteur sain sans exprimer aucun symptôme. Cela peut donc représenter un danger potentiel pour des chevaux qui pâturent avec des ânes.
Comment savoir si un cheval est porteur de parasites ?
Les signes « extérieurs » :
– Si le parasitisme est faible : fatigue, amaigrissement, poil terne ou hérissé (« poil piqué »), légères coliques.
– Si le parasitisme est plus important : gros ventre sur un poulain maigre ; sur un adulte : démangeaisons à l’anus ou la base de la queue, possibilité de prolapsus rectal, de diarrhées chroniques, de coliques à répétition…
L’examen coproscopique :
Le vétérinaire peut pratiquer cet examen sur un échantillon de crottins. La coproscopie évalue le nombre d’éléments parasitaires (œufs, larves et adultes) par gramme de matières fécales. C’est le meilleur moyen de voir quels sont les parasites réellement présents chez le cheval.
Autres examens :
Coprocultures (recherche de bactéries dans les selles), sérologies (recherche de la douve), analyses sanguines (augmentation des éosinophiles en présence de parasites).
Les produits antiparasitaires utilisables
Ils ne peuvent être délivrés que sur ordonnance du vétérinaire qui suit les chevaux.
L’utilisation des antiparasitaires doit être raisonnée et discutée avec le praticien, pour éviter la sélection de parasites (notamment les petits strongles) résistants aux molécules employées. Cette résistance est due à une mutation génétique du ver, qui acquiert la capacité de résister à la molécule administrée (et à celles qui appartiennent à la même famille).
Parmi les anthelminthiques disponibles pour les chevaux :
– Les benzimidazoles, le pyrantel et le fébantel sont actifs sur petits et grands strongles, strongles pulmonaires, ascaris, oxyures et strongyloïdes.
– Les avermectines possèdent une activité identique, et sont efficaces également contre les larves des vers, et les gastérophiles.
– Le praziquantel ne traite que le ténia.
Les vermifuges sont souvent composés de plusieurs molécules afin d’élargir leur spectre d’action et de traiter contre un maximum de parasites en même temps.
Quand vermifuger ?
Un plan de vermifugation annuel doit être établi en accord avec le vétérinaire, et adapté à l’âge, au mode de vie du cheval, à son alimentation, son activité, et son niveau d’infestation.
Théoriquement, les vermifugations sont à faire à chaque changement de saison, soit 4 fois par an en moyenne, mais la fréquence peut être diminuée ou augmentée selon les risques et le résultat des coproscopies.
Par ailleurs, l’efficacité des vermifuges est variable selon les molécules et le stade de développement des parasites. Ils sont plutôt efficaces sur les adultes, moins sur les larves et les œufs. C’est pourquoi il faut traiter régulièrement pour tuer les parasites qui n’auraient pas été éliminés la fois précédente et auraient continué leur cycle.
Les cas particuliers :
– Femelles gestantes : vermifugation régulière tous les 3 à 4 mois pendant la gestation, avec un produit adapté (certaines molécules provoquent des avortements), afin d’éviter les carences nutritionnelles et de diminuer les risques de contamination parasitaire du poulain. L’idéal est de vermifuger quelques jours avant le poulinage.
– Poulains : de la naissance à 2 ans, l’immunité des poulains n’est pas totalement fonctionnelle. Une infestation parasitaire massive peut occasionner des retards de croissance ; il est donc nécessaire de vermifuger les jeunes tous les 2 mois dès leur 1er mois.
– Cheval âgé : son immunité diminue, et il devient plus sensible aux infestations parasitaires ; continuer à vermifuger au moins 4 fois/an.
Les mesures pour accompagner la vermifugation
Mesures hygiéniques :
– Vermifuger chaque nouvel arrivant avant sa mise en contact avec les autres animaux.
– Maintenir si possible les chevaux au box pendant les 48 h qui suivent la vermifugation, pour éviter la recontamination des pâtures lors de l’excrétion des parasites dans les selles.
– Curer les box régulièrement et désinfecter le matériel de pansage, les mangeoires, abreuvoirs, abris, au nettoyeur haute pression/ haute température.
– Veiller à éviter stress et carences qui diminuent les défenses immunitaires.
Mesures de conduite d’élevage :
– Rotation lente des pâtures pour qu’il y ait décontamination naturelle : changer si possible le cheval de prairie tous les 15 j, et ne l’y remettre que 3 à 4 mois plus tard.
– Retirer régulièrement les crottins (2 fois/sem.) ; stocker le fumier au moins un an avant de l’épandre en prairie ; ne pas épandre du fumier d’équidés dans une pâture occupée par des équidés.
– Éviter de faire pâturer ensemble chevaux et ânes, sauf s’ils sont correctement vermifugés (strongles respiratoires)
– Ne pas faire pâturer bovins et chevaux en même temps. Mais il est possible de mettre les bovins dans une prairie après des équidés (cela casse certains cycles parasitaires).
– Drainer les parcelles humides.
L’objectif n’est pas d’obtenir l’éradication de tous les parasites internes, mais de laisser se mettre en place une immunité naturelle. La vermifugation permet alors de diminuer les effets des infestations parasitaires, et de réduire la contamination des pâtures.
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