La gingivostomatite chronique féline

La gingivite ou Complexe Gingivo Stomatite Chronique Féline (CGSCF) est une inflammation des gencives et de la cavité buccale chez le chat. C’est une pathologie auto-immune complexe, fréquente, multi-factorielle et douloureuse.

Cette pathologie a pour origine une défaillance des mécanismes de défense du système immunitaire de l’animal face à divers agents pathogènes de la cavité buccale. La réaction immunitaire est dirigée contre les propres cellules épithéliales de l’animal. L’épithélium endommagé n’assure alors plus sa fonction de barrière face aux pathogènes, provoquant une inflammation continue.

L’atteinte inflammatoire est particulièrement variable dans son intensité et sa localisation :
– au niveau du palais et à la base de la langue (palato-glossite)
– des gencives au niveau des molaires et prémolaires (gingivite)
– des joues et des babines (bucco-stomatite)
– du pharynx et amygdales (stomatites caudales, avec atteinte ulcéro-proliférative)

Le terme stomatite concerne l’inflammation de la cavité buccale au sens large.

Symptômes

Les lésions observées au niveau de l’épithélium buccal peuvent être ulcéreuses et/ou hyperplasiques. Les muqueuses apparaissent très rouges, dû à l’inflammation. Ces réactions dysimmunitaires locales entraînent différents symptômes et changements de comportement chez le chat :
– une hypersalivation
– une hypersensibilité dentaire (tremblement des mâchoires à la palpation de gencive)
– des oedèmes et saignements spontanés et/ou induits
– une halithose (mauvaise haleine)
– des douleurs lors de la préhension et la mastication et maintien de la bouche ouverte au repos.
– un pelage terne et sale (baisse du toilettage)
– une dysorexie (trouble de l’appétit)

Elles peuvent être à l’origine de complications comme une déshydratation, une perte de poids et une prostration de l’animal.
De plus, il est fréquent que la douleur entraîne une baisse d’activité, une augmentation de l’irritabilité, et parfois des comportements agressifs.

La découverte de ces symptômes par le propriétaire est souvent tardive et par conséquent l’inflammation sévère.
Les premiers symptômes peuvent apparaître précocement dans la vie du chat (entre 5 et 7 mois), on parle alors de gingivite hyperplasique juvénile. C’est un stade aigu qui n’atteint que les gencives. Il est à traiter le plus rapidement possible.

Causes

Diverses causes peuvent déclencher l’apparition d’une gingivostomatite chez le chat, comme un déséquilibre de la flore buccale, la plaque dentaire et le tartre.
Des pathologies chroniques immuno-dépressives tels que le diabète, l’hypertiroïdie prédisposent
l’animal au complexe gingivo stomatite.

Le Calicivirus Félin (FCV) est un virus qui semble jouer un rôle important dans l’étiologie de la maladie, bien que sa présence ne semble pas permettre à elle seule d’induire les symptômes.

Les virus FeLV (Leucose) et FIV sont des facteurs aggravants de la gengivose chez les chats atteints, par l’immunodépression qu’ils provoquent.
Quant à l’Herpesvirus Félin aucune corrélation n’a été démontrée entre la présence du virus et la gingivostomatite chez le chat mais son implication est fortement suspectée.

Les races Siamois, Abyssin, Persan et Maine Coon présentent des prédispositions aux stomatites.

Examens cliniques et approche thérapeutique

On procèdera à des analyses hémato-biochimiques, révélant un taux très élevé d’hématoglobuline et à une recherche de maladies concomitantes, ainsi que des virus FeLV, FIV et FCV. Un examen radiographique peut permettre de mieux évaluer l’étendue des lésions.

Il n’existe pas un traitement unique de la gingivite mais plusieurs solutions thérapeutiques, c’est pourquoi la gingivostomatite féline représente un défi thérapeutique. Étant un syndrome protéiforme, les traitements doivent reposer sur une exploration clinique individualisée avec une prise en compte de la douleur.
Le premier pas thérapeutique est l’assainissement de la cavité buccale, qui se fait par un détartrage, puis au quotidien par un brossage de dents si l’animal est coopératif, avec en parallèle une administration d’antiseptiques, d’antibiotiques et antiinflammatoires.
Si les lésions persistent, une extraction partielle (molaires et prémolaires notamment), voire totale
des dents peut être envisagée.

Il est aussi possible d’utiliser des neuromodulateurs, qui peuvent moduler la réponse immunitaire
de manière positive ou négative. L’utilisation d’immunosuppresseurs doit se faire en absence d’infection virale telle que FCV, le FIV ou le FeLV.
Il existe également la thérapie par les interférons (IFN), protéines intervenant dans la réponse immunitaire acquises.

Enfin la thérapie laser à CO2 est préconisée dans le traitement de cette pathologie. Ce dernier permet une réduction de la prolifération des ulcères, une réduction de l’inflammation (baisse de l’irrigation de la muqueuse) ainsi qu’une réduction de la contamination par des pathogènes opportunistes, accélérant la cicatrisation.
La thérapie laser peut ainsi être une alternative à l’extraction totale des dents, couplée à une antibiothérapie.

Sources:

Les stomatites caudales du chat – THESE, CAILLON Adrien, 22 Juin 2018, VETAGRO SUP, Lyon. La gingivostomatite chronique féline, Dr E. Jumelet, Dr C. Leger, Le Point Vétérinaire, 2011.

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