La dysplasie de la hanche chez le chien
Étymologiquement, le mot dysplasie signifie « anomalie du développement ». La dysplasie de la hanche consiste en une déformation progressive de l’articulation de la hanche (= articulation coxofémorale), qui se produit pendant la période de croissance de l’animal. Par la suite, elle entraine l’apparition d’arthrose, qui pourra apparaître à tout moment de la vie du chien, et s’exprimera par des douleurs et des difficultés de mouvements au niveau du train arrière.
Quelle est l’origine de la dysplasie de la hanche ?
Il s’agit d’une maladie héréditaire, reliée à un nombre important de gènes (plus d’une centaine !) ; les chiens de toutes races peuvent être atteints de dysplasie, mais la maladie est plus fréquente dans les races de grand format : Berger Allemand, Labrador, Golden Retriever, Rottweiler, Dogue de Bordeaux, Bouvier Bernois, St Bernard, etc. On la retrouve aussi chez des chiens de races plus petites, telles l’Épagneul Breton, le Bulldog Anglais, le Cocker…
Quand suspecter une dysplasie de la hanche chez un chien ?
La maladie se développe donc chez des jeunes chiens en croissance (entre 3 et 18 mois le plus souvent), plutôt de race moyenne, grande ou géante.
Mais l’apparition des symptômes est très variable : certains chiots présentent des signes cliniques dès 4 à 6 semaines ; la plupart du temps, le diagnostic est posé entre 6 et 12 mois, mais parfois après plusieurs années (certains chiens ne présentent ni boiterie ni douleur avant 6 à 10 ans !).
Les signes qui peuvent vous alerter sont :
• Démarche anormale (ondulante et chaloupée), manque de coordination des postérieurs
• Réticence à courir, à sauter
• Difficultés au lever, au coucher, lors de la montée d’escaliers
• Parfois boiterie postérieure sans appui intermittente
Des facteurs extérieurs peuvent également être impliqués dans l’apparition de la dysplasie de la hanche chez un chien génétiquement prédisposé, tels qu’une croissance trop rapide, une alimentation déséquilibrée, l’obésité durant le jeune âge, une activité physique intense…
Le point de départ, au cours des premières semaines de vie, est un relâchement des tissus mous stabilisateurs de l’articulation coxofémorale (ligaments, capsule articulaire), entraînant une laxité anormale. Ce qui provoque une déformation progressive de la tête fémorale, qui s’aplatit, et de la cavité articulaire (= cotyle) qui s’évase. La tête fémorale ne correspond plus tout à fait avec la cavité articulaire ; La hanche est « subluxée », et le jeu anormal de l’articulation conduit à une inflammation de celle-ci, ainsi qu’à des lésions progressives des cartilages, des ligaments et des os qui la constituent. Une arthrose secondaire se développe.
Comment s’effectue le diagnostic de dysplasie de la hanche ?
Chez les chiots suspects (voir ci-dessus) ou à risque, il est important que le diagnostic soit posé précocément, car certaines interventions ne sont plus possibles passé un certain âge. En revanche, il n’y a pas d’urgence au diagnostic chez le chien adulte.
Le diagnostic est obligatoirement confirmé par un vétérinaire, et prend en compte plusieurs éléments :
• Les signes observés par le maître
• Le type de chien, son mode de vie, son alimentation
• L’étude de la posture du chien, et de sa démarche
• Un examen orthopédique vigile et sous tranquillisation, qui permet notamment d’apprécier le degré de laxité ligamentaire, mais aussi de mesurer l’instabilité de la hanche par la présence ou non du signe d’Ortolani (ressaut de la hanche).
• Un examen radiographique approfondi sous différentes incidences
• Éventuellement un examen par scanner pour mesurer le degré de recouvrement de la tête fémorale et explorer précisément l’articulation avant d’envisager le traitement approprié (seules certaines cliniques spécialisées disposent d’un scanner).
Quelle(s) solution(s) pour la prise en charge de la dysplasie de la hanche ?
Il existe actuellement de nombreuses solutions médicales ou chirurgicales, qui vont permettre de restaurer la mobilité du chien et améliorer son confort. Le type de traitement va dépendre de nombreux facteurs, parmi lesquels l’âge, mais aussi le degré d’atteinte du patient, et sera à discuter avec votre vétérinaire ou un spécialiste en chirurgie orthopédique si besoin. En tout état de cause, un suivi régulier, à vie sera nécessaire.
Prise en charge non chirurgicale
Le traitement médical et hygiénique de la dysplasie est approximativement similaire à celui de l’arthrose : contrôle du poids, chondroprotecteurs (=protecteurs du cartilage), physiothérapie (hydrothérapie, électrothérapie, massages, ultrasons…), suppléments nutritionnels, et en cas de douleur, anti-inflammatoires et antalgiques.
Ce type de prise en charge concerne plutôt les chiens chez qui on a fortuitement découvert une dysplasie, ou dont les symptômes et la douleur sont peu marqués.
Les résultats ne sont cependant pas durables, et à terme, une restriction d’activité associée à un traitement médical au long cours peut s’avérer nécessaire.
Prise en charge chirurgicale
Il existe plusieurs types d’interventions : celles que l’on doit réaliser avant un certain âge (chirurgies correctrices), et celles dont le but est de soulager la douleur ou améliorer la mobilité (chirurgies de sauvetage).
La SPJ (ou Symphysiodèse pubienne juvénile)
Cette intervention, pour être efficace, doit être faite avant l’âge de 5 mois (18/20 semaines) sur des patients qui présentent une laxité articulaire coxofémorale légère à modérée (laxité appréciée entre 3 mois ½ et 5 mois grâce à des examens cliniques et radiographiques spécifiques).
Il s’agit d’une opération préventive, qui consiste à induire la fusion prématurée de la symphyse pubienne : on limite ainsi la croissance de cette partie ventrale du bassin, ce qui a pour but d’améliorer le recouvrement de la tête fémorale par le cotyle (= cavité articulaire de la hanche).
La double (ou triple) ostéotomie du bassin
Cette opération vise à augmenter le recouvrement de la tête fémorale par le cotyle, et se réalise sur des chiens de 5 à 8-10 mois. Elle est indiquée sur des animaux dysplasiques qui ne présentent aucun signe d’arthrose précoce, après examens clinique, radiographique (et éventuellement arthroscopique pour vérifier l’intégrité articulaire). Le but de l’intervention est d’obtenir une rotation de la partie du bassin qui supporte l’articulation coxofémorale, en modifiant l’axe d’un ou plusieurs os et en fixant le segment concerné par des plaques et vis. La guérison osseuse prend généralement 4 à 6 semaines.
La prothèse totale de hanche (PTH)
Il s’agit ici d’une intervention orthopédique de pointe, réalisée par des chirurgiens spécialistes et expérimentés. Elle consiste à remplacer l’ensemble de l’articulation de la hanche par une prothèse : la tête fémorale est remplacée par un implant métallique supporté par une tige qui sera enchâssée dans le fémur, et la cavité articulaire est remplacée par une cupule en matériau de synthèse.
Cette opération s’adresse à des patients n’ayant pas répondu aux autres traitements ; les résultats sont généralement très bons (réussite 90/95%), avec des patients qui retrouvent leur niveau d’activité antérieur. Toutefois, le coût est relativement élevé.
La résection-arthroplastie coxofémorale
Elle consiste à retirer la tête du fémur arthrosique à l’origine des douleurs de l’animal. Elle s’envisage lorsqu’il n’est pas possible de réaliser une PTH, pour des raisons anatomiques ou financières. Une « pseudo-articulation » se recrée, sans contact osseux douloureux, mais l’amplitude du mouvement est limitée. Cette intervention n’est pas recommandée chez les chiens de grand gabarit, et une physiothérapie intensive est indispensable pour optimiser la récupération fonctionnelle.
L’implantation de billes d’or
Il s’agit cette fois d’une technique antalgique palliative, proposée lorsque les antiinflammatoires n’agissent plus ou peu. Sous sédation profonde, et contrôle radiologique, des petites particules d’or sont implantées au contact de la capsule articulaire de la hanche. Ces particules « détournent » le système inflammatoire responsable de la douleur du patient, et améliorent donc sa qualité de vie.
Les techniques étant variées et nombreuses, il est indispensable de s’assurer le conseil d’un vétérinaire spécialiste qui va pouvoir suivre votre animal, et proposer le traitement adéquat au bon moment de l’évolution de la maladie.
La dysplasie n’est donc plus une fatalité, synonyme de douleurs constantes et de vie difficile. Les différentes alternatives thérapeutiques existantes permettront à votre chien de mener une vie de bonne qualité.
Rédigé par : Isabelle Mennecier – Docteur Vétérinaire
04/11/2019
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