Les phobies chez le cheval

Les phobies sont des peurs intenses, irraisonnées et disproportionnées face à un évènement particulier, dont la nature est très variable ; chez le cheval, il peut s’agir du transport (embarquement, voyage), du passage par un endroit particulier (couloir, porte, chemin, pont…), de certaines personnes (vétérinaire, maréchal-ferrant, autres individus caractérisés par une odeur, un physique, un uniforme…), de certains objets, d’autres animaux, etc…

Les phobies non prises en charge peuvent s’aggraver, risquant de compromettre l’utilisation du cheval, et parfois de devenir dangereuses pour le cavalier (chutes).

Afin de mettre en place un traitement approprié, il sera utile de caractériser le plus précisément possible la phobie dont souffre l’animal.

Quelles sont les causes de phobies chez le cheval ?

Les chevaux sont des animaux particulièrement sensibles et émotifs, ce qui les prédispose plus que d’autres espèces aux phobies.

Les stimuli déclencheurs des phobies (appelés stimuli phobogènes), peuvent être de natures très diverses : visuels, auditifs, mais aussi tactiles (cravache, éperons…).

L’évolution habituelle des phobies s’effectue par étapes, avec généralisation et aggravation.

Il est courant de distinguer deux types de phobies :

• Les phobies post-traumatiques, consécutives à une expérience qui a traumatisé l’animal et que ce dernier a enregistrée négativement : par exemple, une glissade ou une chute lors de la montée dans un van, un acte douloureux réalisé par le vétérinaire ou le maréchal-ferrant, une douleur dentaire pour la phobie du mors, etc…

Ces phobies post-traumatiques s’installent souvent rapidement (une seule mauvaise expérience peut suffire) et ont tendance à se généraliser si les mesures prises pour les contrer sont trop coercitives.

• Les phobies ontogéniques, qui concernent des situations que le cheval n’a pas appris à connaître et à gérer au cours de son développement ; c’est plus souvent le cas de poulains séparés trop tôt de leur mère ou isolés sans structure sociale, ou encore de jeunes chevaux ayant subi un débourrage trop brutal… Un poulain normalement socialisé réagit peu aux variations de son environnement, car il les considère comme inoffensives.

Comment reconnait-on une phobie ?

• Au tout début (stade 1), la phobie se manifeste par une conduite d’évitement, parfois d’intimidation, sous forme de réactions typiques de la peur : tremblements, accélération du rythme cardiaque, du rythme respiratoire, agitation, sudation, défécation… et ceci uniquement en présence du stimulus phobogène.

• Puis progressivement (stade 2, généralisation ou phobie complexe), l’animal va anticiper les stimuli : par exemple, si l’animal est phobique des injections suite à une expérience douloureuse avec le vétérinaire, il peut manifester des réactions à la seule vue du véhicule du praticien qu’il aperçoit au loin…

Dans certains cas, le cheval pourra présenter un comportement agressif ou destructeur, ou des troubles généraux qui persistent en dehors du stimulus phobique.

Comment traiter les comportements phobiques ?

Le traitement d’une phobie nécessite une désensibilisation, qui sera mise en place par le vétérinaire, en accord et collaboration avec le propriétaire ; une thérapie comportementale sera associée à un traitement médical.

• La thérapie comportementale vise à diminuer l’intensité de la réponse (émotionnelle et motrice) face à l’objet de la phobie. Il est préférable de faire appel à un vétérinaire spécialiste du comportement pour éviter l’aggravation des troubles.

Il existe diverses techniques, à manier successivement ou alternativement, afin de « déprogrammer » les phobies : habituation (exposition répétée à l’objet phobique sans aller jusqu’au déclenchement de la réaction), désensibilisation (intensité d’exposition croissante), apprentissage vicariant (on utilise un congénère coopératif qui sert de modèle au cheval phobique ; cette technique fonctionne d’autant mieux que les animaux s’entendent bien), contre-conditionnement… À chaque étape, le cheval est récompensé s’il ne présente pas de réaction, et le passage à l’étape suivante ne se fait que si le pallier précédent est stable. En cas de réaction de peur, l’observateur doit rester neutre, et ne pas rassurer, afin de ne pas conforter l’animal dans son comportement inadapté.

• Un traitement médical est toujours associé à la thérapie comportementale, de façon à obtenir un apaisement compatible avec la thérapie, une atténuation de la réponse neurovégétative (sudation, augmentation des fréquences respiratoire et cardiaque, etc…) et une disparition de l’anticipation.

Des anxiolytiques d’origine naturelle, ne présentant pas d’effets secondaires et non considérés comme dopants, peuvent être utilisés.

Peut-on prévenir les phobies ?

S’il n’est pas possible de prévenir une phobie post-traumatique, il est envisageable d’agir sur les poulains afin d’empêcher les phobies ontogéniques : il est notamment important de veiller à ce que leur milieu soit riche en stimulations sensorielles diverses et variées, afin qu’ils se familiarisent avec toutes sortes de situations et soient capables de s’y adapter. À l’âge adulte, il sera important de veiller à ce que l’environnement soit le plus proche possible du milieu naturel : pré, contacts avec des congénères, etc.

Rédigé par : Isabelle Mennecier – Docteur Vétérinaire

07/10/2019

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