Le syndrome brachycéphale
Le terme « brachycéphale » vient du grec (tête courte) et désigne des chiens et des chats dont la face est écrasée. Chez les chiens, on peut citer les bouledogues (Bouledogue français, Bulldog anglais), le Carlin, le Shih-Tzu, le Pékinois, le King Charles Spaniel, chez les chats essentiellement les Persans, les British et Exotic Shorthair.
Ces races connaissent actuellement un certain succès, de par leur allure et leur caractère. Mais petit à petit, la sélection génétique a fait apparaitre des individus de plus en plus typés (« hypertypes ») chez lesquels les particularités morphologiques se sont accentuées.
Ces différences anatomiques et morphologiques entraînent parfois un ensemble de symptômes regroupés sous le nom de « syndrome brachycéphale » (ou syndrome obstructif des voies respiratoires).
Les particularités anatomiques des races brachycéphales
Les particularités anatomiques les plus courantes des races brachycéphales concernent essentiellement les voies respiratoires et digestives :
• Les narines : plus étroites et fermées que la normale ; elles sont dites sténosées
• Le voile du palais (partie postérieure du palais qui sépare la cavité buccale du nasopharynx et qui correspond à la luette chez l’homme) : il est allongé et épaissi
• Le larynx : les cartilages qui le soutiennent sont éversés
• La trachée : elle est fréquemment affaissée
• Le pylore (partie du tube digestif qui se trouve à la jonction entre l’estomac et l’intestin grêle) : il est rétréci
• L’œsophage et l’estomac : souvent inflammatoires, conséquence des régurgitations fréquentes.
Les symptômes associés à la brachycéphalie
Compte-tenu des particularités anatomiques, les symptômes rencontrés sont essentiellement d’ordre respiratoire : ronflements plus ou moins importants, respiration bruyante et rapide, intolérance à la chaleur et à l’exercice (essoufflement), difficultés respiratoires pouvant aller dans certains cas les plus graves jusqu’à la syncope.
Les troubles respiratoires sont souvent accompagnés de troubles digestifs : régurgitations, vomissements de mousse ou d’aliments.
Par ailleurs, il est possible que les animaux qui présentent un syndrome brachycéphale marqué déclarent à terme une insuffisance cardiaque droite, liée aux efforts supplémentaires que le cœur doit fournir en permanence pour combler la défaillance respiratoire et le déficit d’apport en oxygène.
Il est couramment admis que la présence de difficultés respiratoires sur un chien brachycéphale divise par deux son espérance de vie !
Certains facteurs peuvent aggraver les difficultés respiratoires ; c’est le cas de la chaleur, de l’humidité, du stress, de l’effort, de l’excitation… L’été est une période particulièrement à risque pour les animaux brachycéphales, qu’il vaut mieux garder au frais, en leur évitant les efforts inutiles.
Certaines maladies peuvent aussi venir accentuer les symptômes : fièvre, infections respiratoires ou maladies neuromusculaires…
Comment traiter ?
En situation d’urgence (détresse respiratoire, syncope), l’hospitalisation est indispensable : l’animal est placé sous oxygène et reçoit souvent un traitement permettant de réduire l’œdème des voies respiratoires, afin de permettre à l’air de circuler jusqu’aux poumons.
En cas de troubles chroniques, des consignes simples améliorent le confort de l’animal : éviter les fortes chaleurs, les efforts intenses, le stress, l’excitation, la surcharge pondérale. Certains médicaments peuvent également aider.
Toutefois, à terme, seule une correction chirurgicale peut apporter une solution durable. Le type de chirurgie sera variable d’un chien à un autre. Un questionnaire détaillé, un examen clinique approfondi assorti d’un bilan endoscopique (des appareils respiratoire et digestif) permettront de choisir les gestes chirurgicaux nécessaires.
Parmi les interventions envisageables pour améliorer les symptômes :
• La rhinoplastie : élargissement des narines pour favoriser le flux d’air
• La palatoplastie : raccourcissement du voile du palais trop long (possible utilisation du laser, pour une plus grande précision).
• Les chirurgies du larynx : pour faciliter le passage de l’air dans la trachée.
Un même animal peut avoir besoin d’une ou de plusieurs de ces opérations ; mais pour obtenir une nette amélioration des symptômes, la correction de l’ensemble des anomalies est indispensable.
Par ailleurs, plus la prise en charge est précoce, meilleurs seront les résultats ; selon l’importance des symptômes, il est possible d’intervenir chirurgicalement dès l’âge de 4 mois.
Comment prévenir ?
Lors de l’achat d’un animal de race brachycéphale, il est important que le futur propriétaire soit prévenu des particularités de celle-ci, et des conséquences possibles sur la santé de son compagnon.
Lors du choix d’un chiot/chaton, il est important de questionner le vendeur sur les parents de l’animal. Il faut aussi observer le chiot/chaton dans son environnement, vérifier qu’il ne ronfle pas ou ne s’essouffle pas outre mesure lorsqu’il court ou joue. Mieux vaut privilégier la santé que l’esthétique !
En cas de doute, ne pas hésiter à demander conseil au vétérinaire !
Rédigé par : Isabelle Mennecier – Docteur Vétérinaire
27/08/2018
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