Les flatulences chez le chien
Si le sujet peut faire sourire, il n’en est pas moins sérieux, surtout si l’on possède un chien concerné par ce phénomène pour le moins désagréable ! Pour autant, il ne faut pas désespérer : en comprenant mieux le fonctionnement digestif de votre animal, il sera possible d’envisager la mise en place des bonnes pratiques permettant d’éviter l’émission de pets malodorants…
Qu’est-ce qu’une flatulence ?
La définition précise d’un pet ou flatulence est la suivante : « expulsion hors du corps des gaz intestinaux par l’anus ».
Les flatulences sont essentiellement composées (à 99 %) de gaz inodores (azote, oxygène, dioxyde de carbone, hydrogène, méthane), et de 1 % de composants sulfurés (sulfure d’hydrogène) ou sulfatés (indole, scatole). Ce sont ces dérivés soufrés qui sont responsables de l’odeur nauséabonde.
Quelle est l’origine des flatulences ?
Deux phénomènes sont à l’origine de la formation de gaz dans les intestins :
• L’aérophagie, c’est-à-dire le fait d’avaler de grandes quantités d’air par la gueule, en mangeant, en buvant, en haletant…
• La fermentation bactérienne des résidus de la digestion dans le gros intestin. Dans ce dernier, ainsi que dans l’intestin grêle, prolifèrent de nombreuses bactéries, que l’on appelle le microbiote intestinal.
Ces bactéries sont vitales, et l’équilibre des différentes populations qui composent le microbiote est important pour assurer un bon fonctionnement du tube digestif, mais aussi pour maintenir l’individu en bonne santé, éviter le surpoids, voire agir sur l’état psychique. Ce sont en tout cas les découvertes de ces dernières années, et il reste semble-t-il encore beaucoup de choses à apprendre à ce sujet !
Ces « bonnes » bactéries apprécient surtout les milieux de pH neutre, et ont de nombreuses missions, parmi lesquelles :
• Décomposition et valorisation des aliments peu digestibles
• Production d’énergie pour les cellules intestinales (notamment par fermentation des fibres solubles)
• Fabrication de vitamines
• Protection contre les mauvaises bactéries
• Désagrégation des toxines et des médicaments
• Bon fonctionnement du système immunitaire
L’élimination naturelle des gaz du tube digestif s’effectue soit par passage par l’œsophage ou le rectum, diffusion dans le sang ou consommation par les bactéries. Quand il y a trop de gaz dans le tube digestif, cela entraîne des flatulences, des éructations (ou rots), des borborygmes (bruits produits par le déplacement des gaz dans le tube digestif) ou un ballonnement abdominal.
L’alimentation est donc le principal responsable de la formation de flatulences, mais non le seul ; le parasitisme intestinal, les changements brutaux de régime, l’administration orale de vitamines et minéraux, certaines maladies (entérite, insuffisance pancréatique par ex.), l’obésité, le vieillissement peuvent accentuer le phénomène.
NB : Certaines races de chiens (à museau court et aplati comme le boxer, le carlin, le bouledogue français, le bulldog anglais, le pékinois…) sont souvent sujettes aux flatulences, car ces animaux – à cause de l’anatomie particulière de leur face – ont tendance à avaler de l’air même en dehors de toute prise de nourriture ou de boisson, et notamment en cas de stress ou d’excitation.
Quelles mesures prendre contre les flatulences ?
Il faut bien que les gaz produits dans le tube digestif par la dégradation des aliments ou le microbiote soient éliminés d’une manière ou d’une autre ; c’est lorsque le phénomène devient excessif et vraiment gênant qu’il y a lieu de prendre des mesures pour limiter les nuisances !
• C’est avant tout l’alimentation qui jouera un rôle essentiel dans la prévention des flatulences ; elle doit être la plus digeste possible pour éviter l’accumulation de matières décomposées non résorbables.
• Si vous optez pour une alimentation industrielle, évitez les produits bas de gamme, et privilégiez les aliments « premium », qui contiennent des protéines de bonne qualité.
• Ne donnez pas de restes de repas, de plats en sauce ou épicés, de cartilages, de féculents (pommes de terre), d’oignons, de choux, de pois chiches, de lentilles et évitez le lait et les fruits.
• Si vous préférez une ration ménagère, le glucide lent le mieux toléré est le riz (bien cuit), et les viandes à privilégier sont plutôt les viandes blanches (poulet, agneau).
• Le déroulement du repas est aussi un facteur important : l’animal doit manger dans le calme, et ne pas avaler de trop grandes quantités à la fois (au besoin, fractionner en 2 ou 3 repas dans la journée pour les chiens particulièrement gloutons, utiliser des gamelles dites « ludiques » permettant de ralentir l’ingestion) ; il faut autant que possible éviter l’excitation juste avant le repas, et donc le distribuer à heures fixes. Une petite promenade digestive au pas permettra d’éliminer les gaz et favorisera la défécation. Enfin, s’il y a plusieurs chiens dans le foyer, il sera peut-être nécessaire de les séparer au moment des repas pour limiter la compétition à la gamelle.
• Si vous souhaitez changer d’alimentation, pensez à programmer la transition sur 6 à 10 jours, en introduisant progressivement le nouvel aliment dans la ration, tout en diminuant d’autant l’ancien aliment.
Si malgré ces quelques conseils pratiques, votre chien souffre toujours de flatulences, de douleurs abdominales, ou d’autres troubles digestifs, n’hésitez pas à consulter votre vétérinaire qui recherchera si votre animal ne souffre pas d’une maladie de l’estomac, de l’intestin grêle, du colon, du pancréas…
Et si tout est normal de ce côté, il pourra éventuellement prescrire des compléments alimentaires :
• Probiotiques : ce sont des levures ou ferments lactiques qui acidifient les intestins, favorisant les bonnes bactéries des processus de fermentation. Une cure durera au minimum un mois.
• Certains extraits de plantes (Yucca schidigera) limitent la production de sulfure d’hydrogène, responsable des mauvaises odeurs
• Le charbon activé et les produits à base d’argile (smectite ou kaolin) absorbent les gaz, les produits de la digestion et certaines bactéries dans l’intestin ou le gros intestin.
Toutefois, certains produits sont à éviter en cas de tendance à la constipation (charbon) ou de prise concomitante de médicaments (produits à base d’argile) et votre praticien choisira ce qui convient le mieux pour votre chien.
Rédigé par : Isabelle Mennecier – Docteur Vétérinaire
25/02/2019
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