Phytothérapie et aromathérapie chez les animaux de compagnie
De plus en plus de propriétaires souhaitent se tourner vers des médecines alternatives à la médecine dite « traditionnelle » pour leur animal de compagnie.
La phytothérapie se définit comme l’utilisation des propriétés pharmacologiques des plantes, et existe depuis que les hommes ont observé les actions – bénéfiques ou non – des plantes. Il s’agit d’une thérapeutique relativement complexe à manipuler.
L’aromathérapie est la médecine des huiles essentielles, obtenues par distillation des plantes. Les propriétés de ces huiles essentielles sont parfois différentes de celles de la plante entière.
Quelques repères historiques
La phytothérapie est apparue très tôt dans l’histoire de l’humanité ; il est fort probable qu’elle a pris naissance en Inde, puis s’est répandue en Chine et au Moyen-Orient. Toutefois, la phytothérapie occidentale nous vient essentiellement des grecs, et a par la suite été influencée par les amérindiens.
C’est surtout au cours du XXe siècle que les connaissances en phytothérapie se sont enrichies, lui conférant un statut de médecine à part entière. La popularité de cette discipline s’est accrue depuis les années 70, notamment à cause de scandales liés aux effets indésirables des médicaments de synthèse proposés par l’industrie pharmaceutique. La recherche fondamentale dans le domaine de la phytothérapie s’est intensifiée, prouvant que les plantes possèdent d’indéniables effets curatifs et préventifs sur de multiples affections.
Actuellement, 70 % de la population de la planète se soigne de façon traditionnelle, ne disposant pas toujours d’un accès facile à la thérapeutique occidentale.
L’histoire de l’aromathérapie se confond en grande partie avec celle de la phytothérapie ; des traces de méthodes de distillation des plantes ont été retrouvées en Chine, en Inde, mais aussi en Égypte ancienne.
Que peut soigner la phytothérapie ?
L’évolution des méthodes analytiques et les progrès technologiques dans l’extraction permettent à l’heure actuelle de proposer des produits de phytothérapie présentant les mêmes garanties sanitaires et thérapeutiques que les produits de synthèse.
La phytothérapie peut représenter une véritable alternative aux traitements médicamenteux habituels, ou un complément à ceux-ci.
Les plantes médicinales possèdent diverses propriétés reconnues et éprouvées ; citons quelques exemples :
• Passiflore, houblon, valériane améliorent la qualité du sommeil et ont des vertus antistress
• Artichaut et romarin favorisent le drainage hépatique
• Anis vert et basilic possèdent des propriétés digestives
• Les queues de cerises sont connues pour leur effet diurétique
• Cassis, Harpagophytum, Reine des prés sont utilisés pour leurs propriétés antiinflammatoires en cas d’arthrose
• Séné, psyllium et bourdaine ont des propriétés laxatives douces, etc…
L’aromathérapie présente un grand intérêt en infectiologie, car les huiles essentielles ont toutes des propriétés antibactériennes, antivirales et/ou antimycosiques, et il n’existe pas de résistance naturelle à leur action. Elles sont toutefois très puissantes et leur action est très ciblée ; c’est pourquoi il est nécessaire d’en connaître parfaitement les propriétés avant de les employer ou de les prescrire. Elles peuvent s’avérer très toxiques dans certains cas !
Qui peut pratiquer la phytothérapie vétérinaire ? Comment se déroule une consultation de phyto- ou d’aromathérapie ?
L’utilisation de la phytothérapie ou de l’aromathérapie n’est pas de l’approximation ou du charlatanisme. Un bilan clinique complet de l’animal est indispensable à l’établissement d’un diagnostic précis, afin de définir l’affection ciblée. Par ailleurs, il est essentiel de connaître les interactions organiques ou médicamenteuses à éviter.
Ceci implique donc que seul un vétérinaire est habilité à prescrire ces types de traitement.
Toutefois, ces disciplines sont peu ou pas enseignées en tant que telles dans les écoles vétérinaires, les heures de formation pouvant être dispensées par des enseignants sensibilisés à ces sujets, ou par des intervenants extérieurs aux écoles. Pour les praticiens déjà installés et intéressés, des enseignements post-universitaires sont proposés, la plupart du temps par des organismes privés ou par des facultés de médecine humaine.
La consultation par un vétérinaire phytothérapeute commence habituellement par une prise de renseignements complète sur l’animal, sur ses antécédents individuels et familiaux s’ils sont connus. Un examen clinique approfondi fait suite à l’entretien, afin d’identifier les déséquilibres physiologiques associés à l’affection primaire.
Le vétérinaire phytothérapeute se doit de connaître parfaitement les plantes et leurs principes actifs, ainsi que leur activité régulatrice sur les dysfonctionnements physiologiques. En fonction des signes observés, et de ses connaissances, il choisira une ou plusieurs plantes complémentaires ou synergiques pour tenter de favoriser le retour à l’équilibre physiologique.
Les traitements prescrits peuvent se présenter sous des formes très diverses : gouttes, gélules, poudres à diluer, … soit déjà existantes, soit en préparations magistrales à faire réaliser en pharmacie.
Y-a-t-il des risques à utiliser la phytothérapie ou l’aromathérapie ?
Ce n’est pas parce que les traitements à base de plantes ou d’huiles essentielles semblent plus « naturels » qu’ils sont pour autant inoffensifs ! Certaines plantes sont toxiques, d’autres sont nocives lorsqu’elles interagissent avec d’autres plantes, des médicaments, des compléments…
Il en est de même pour l’aromathérapie : si certaines huiles essentielles comme la lavande ou le tea tree ont un seuil de toxicité élevé, d’autres sont connues pour leurs effets neurotoxiques ou abortifs, et ne doivent pas être manipulées par des non-spécialistes (huiles essentielles d’amande amère, d’arnica, de bouleau, de camphre, de moutarde, de thuya, de sauge officinale, etc…). Par ailleurs les huiles essentielles traversent le placenta et se retrouvent dans le lait.
Il est donc formellement déconseillé de pratiquer l’automédication dans ces disciplines, et certains praticiens souhaitent même que la phytothérapie ne soit pas disponible en vente libre afin d’éviter les accidents.
Si au cours du traitement de phytothérapie ou d’aromathérapie prescrit vous constatez le moindre signe anormal, prévenez immédiatement votre vétérinaire !
Conclusion
Si la phytothérapie et l’aromathérapie peuvent présenter un intérêt indéniable dans le traitement de certaines affections, il faut néanmoins retenir que plantes et huiles essentielles peuvent aussi avoir des effets toxiques potentiellement dangereux.
Cela implique donc que leur utilisation doit se faire après un diagnostic précis de l’affection et un bilan clinique complet de l’animal, par un vétérinaire possédant des connaissances approfondies dans ces domaines.
L’automédication est à proscrire absolument !
Rédigé par : Isabelle Mennecier – Docteur Vétérinaire
08/04/2019
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